American Visa

Mario Alvarez arrive à La Paz avec cent dollars, quelques pépites d'or, un costume neuf et un billet aller-retour pour Miami. Il n'a plus qu'à se faire couper la barbe et les cheveux pour se donner bonne allure avant de se présenter au consulat américain pour sa demande de visa. Il a plaqué son travail de prof d'anglais et dit adieu à tous ses amis. Il y a longtemps que sa femme l'a quitté. Mais aujourd'hui, son fils l'attend en Floride. Pour Mario, une nouvelle vie va commencer. Descendu dans un hôtel qui ressemble à la cour des Miracles − il y croise en autres Antonio, vieillard asthmatique qui vit de la vente de sa bibliothèque, Antelo, ancien gardien de buts, Gardenia, joyeux travesti, et Blanca, prostituée au grand cœur et à la poitrine généreuse −, Mario pense n'y rester que quelques jours, le temps d'obtenir son visa. Il ne tardera cependant pas à déchanter : les faux documents produits pour l'occasion ne feront pas illusion bien longtemps. Sa dernière chance repose sur l'agence de voyage Andean Tourism, aux activités plus que louches, qui prétend pouvoir lui procurer le précieux tampon. Mario reprend espoir… Le lecteur suit avec délectation Mario Alvarez dans sa quête désespérée qui prend vite une tournure tragicomique dans les rues mal famées de La Paz. De beuveries en visites aux bordels, il s'embarque dans une série d'aventures kafkaiennes où se côtoient escrocs, parias, et politiciens corrompus. En quelques pages, Juan de Recacoechea résume aussi l'histoire récente de la Bolivie, de la prise du pouvoir par les révolutionnaires à l'état d'aujourd'hui, dépendant de l'aide américaine et des narco-dollars, et dont la seule richesse est la culture de la coca. Mario court après l'American Dream, comme nombre de ses compatriotes, dans un pays où il n'y a plus moyen de rêver. Polar atmosphérique dans la lignée des grands classiques américains du genre, American visa séduira aussi les lecteurs de tout bord à l'heure où le débat sur l'immigration américaine s'enlise dans la caricature…