Un scandale éclatant
EAN13
9782280808224
ISBN
978-2-280-80822-4
Éditeur
Harlequin
Date de publication
Collection
Création pour reprise (445)
Poids
184 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Fiches UNIMARC
S'identifier

Un scandale éclatant

De

Harlequin

Création pour reprise

Indisponible

Autre version disponible

1

Juillet 1844

Après une attente de près d'une demi-heure, le train en provenance de Londres entra enfin en gare de Leicester. La comtesse de Luffenham et sa fille, lady Lucinda Vernley, attendirent qu'un porteur vînt ouvrir la porte du wagon avant de descendre sur le quai.

Soulagée d'échapper à la chaleur de leur compartiment, la jeune fille inspira à fond l'air frais de la petite ville de province. Elle aurait voulu descendre la vitre dès leur départ de Londres, mais sa mère s'y était vivement opposée, prétextant que les fumées noires de la locomotive se déposeraient sur leurs vêtements et les endommageraient irrémédiablement. Leurs tenues avaient coûté assez cher au comte pour qu'on ne les expose pas aux scories crachées par le monstre d'acier. Ainsi, rivées à leurs sièges, avaient-elles suffoqué pendant six interminables heures.

La comtesse aurait préféré cent fois voyager en berline, mais les changements de chevaux imposés par la distance auraient ralenti considérablement leur progression, les condamnant à passer une nuit dans un relais. Le comte, économe bien que fortuné, avait rechigné devant une dépense qui lui semblait injustifiée alors que la comtesse et sa fille avaient la possibilité de voyager très confortablement en première classe, et qu'en train le trajet ne durait qu'une journée.

Lorsque la comtesse avait timidement fait remarquer qu'il fallait, néanmoins, les conduire en attelage à la gare, et qu'à destination il faudrait venir les y chercher, le comte lui avait fait un sermon sur les économies qui seraient obtenues en utilisant le chemin de fer pour les longs trajets et leurs propres chevaux pour les faibles distances. Ne trouvant rien à répondre, la comtesse s'était tue. Elle n'avait pas l'habitude de discuter les décisions de son mari.

— Bonsoir, milady, dit le porteur en touchant sa casquette du bout des doigts avant de décharger la comtesse de la petite valise qu'elle avait à la main. Vous avez d'autres bagages, sans doute, madame la comtesse ?

— Oui. Ils sont dans le fourgon. Ils ont été soigneusement étiquetés. Veillez à ce que rien ne se perde. J'ai dû attendre plusieurs jours, la dernière fois, avant de retrouver ma boîte à chapeau qui avait été égarée !

— J'en ai été désolé, madame la comtesse. Je ferai en sorte que cela ne se reproduise pas.

Il indiqua du menton une berline.

— Votre voiture est arrivée, dit-il en se dirigeant vers l'attelage.

Ils passèrent devant le fourgon que deux porteurs étaient en train de décharger, disposant sur le quai malles, portemanteaux, valises et boîtes à chapeaux. Interrompant leur labeur, ils levèrent les yeux pour regarder passer les dames, mais celles-ci ne leur prêtèrent aucune attention.

La comtesse, qui portait une robe de soie à rayures aux tons chocolat, ambre et café, marchait avec une telle raideur qu'on aurait cru ses vêtements empesés. Son chapeau décoré de fleurs, plumes et rubans du même ton que la robe, bien que charmant, ne réussissait pas à adoucir son aspect guindé.

Lady Lucinda, en robe rose foncé, ornée de broderies, près du corps au-dessus de la taille et s'évasant élégamment en dessous, portait une pèlerine et un petit bonnet au sommet de sa jolie tête. Une femme de chambre en gris perle, encombrée de deux sacs, fermait la marche.

Lorsque les femmes se furent éloignées, les porteurs se regardèrent en haussant légèrement les épaules et reprirent leur travail.

La berline, dont la capote était baissée, roulait à travers la campagne familière du Leicestershire aux collines verdoyantes et aux charmants vallons. Les troupeaux de vaches et de moutons paissaient sur les pentes ensoleillées. Ailleurs, des hommes, la fourche à la main, fanaient le foin fraîchement fauché. Ils s'arrêtaient de travailler pour regarder passer l'attelage et, certains, qui reconnaissaient les armoiries sur les portes de la berline, saluaient les voyageuses en soulevant leur casquette. La comtesse répondait de temps à autre par une petite inclinaison de la tête.

A mi-chemin, l'attelage entra dans la cour d'un relais de poste où les chevaux furent changés pour un autre équipage conduit en ce lieu par les soins de M. Downham, le régisseur du comte de Luffenham. Ceux qui avaient tiré la voiture jusqu'ici passeraient la nuit à l'écurie avant de retourner au château.

Pendant le changement de chevaux, la comtesse et sa fille entrèrent dans l'auberge pour prendre des rafraîchissements. C'était une habitude ancestrale des Luffenham de faire halte dans ce relais, mais elle était appelée à s'interrompre, au rythme où le chemin de fer étendait son réseau à travers le pays.

* * *

Lorsqu'elles reprirent place dans la voiture, la capote avait été relevée car le jour baissait et la fraîcheur du crépuscule ne serait pas longue à se faire sentir.

— Nous ne tarderons pas à arriver, Lucy, déclara la comtesse.
S'identifier pour envoyer des commentaires.